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 Lexie A. Redfield - « Non mais faut lui demander de sortir. Mais par la fenêtre. »

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Lexie A. Redfield
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Lexie A. Redfield

Lexie A. Redfield - « Non mais faut lui demander de sortir. Mais par la fenêtre. » Empty
MessageSujet: Lexie A. Redfield - « Non mais faut lui demander de sortir. Mais par la fenêtre. »   Lexie A. Redfield - « Non mais faut lui demander de sortir. Mais par la fenêtre. » EmptyMar 1 Mai - 18:47

J’ai plus d’air je crois. Je sais pas pourquoi. J’ai beau inspirer et expirer, y’a rien qui vient remplir mes poumons. Juste du vide. Une horrible pression est en train de me broyer la cage thoracique. Je sais pas ce que c’est. Comme si mes os avaient décidé de faire la gueule et de se refermer sur eux comme une sale bande de connard. Je sais que je respire, parce que depuis le temps que ça dure, j’aurai dû crever depuis longtemps. Mais c’est comme ça. J’ai la sensation d’étouffer. J’ai levé la tête, comme ça, sans raison. J’ai dit bonjour au bois du plafond. Peut-être que ça m’aidera à respirer. J’ai ravalé mes larmes. Enfin, seulement dans ma tête parce que ces sales putes tracent quand même un long sillon sur mes joues chaudes. Je les ai effacées avec mes mains froides.

Je crois que j’ai un serpent qui squatte mon torse. Il a déjà du bouffer ma trachée. Et mes poumons, un peu. A croire qu’ils se renouvellent, comme un buffet à volonté qui se régénérerait à la Harry Potter. Alors, quand je relève la tête, quand je m’adresse au plafond, c’est que le serpent là, ce connard de vertébré tétrapode vient encore de me bouffer de l’intérieur. Et après, il vient s’enrouler autour de cet organe vital qui pulse, et ça fait pistolet à eau. J’ai mal, je respire qu’à demi.

Y’a des jours comme ça, où y’a rien qui n’a plus aucune putain d’importance. Où on se réveille aux chiottes le lendemain matin en oubliant qu’on a laissé ses organes dans la cuvette pendant la nuit, parce que le sommeil était pas assez profond pour se protéger de ces putains de cauchemar. C’est toujours au moment où on s’y attend le moins, où on y pensait plus vraiment, qu’on croyait avoir passé un cap. Mais l’Ironie, c’est cette pute qui vous donne des bonnes nouvelles toute la semaine, sauf un jour où il fait moche et froid. Je crois qu’elle nous prépare en fait. Tiens, aujourd’hui il fait moche, attends-toi au pire gamine, tu vas souffrir. Et là, vous repartez des années auparavant et vous vous reprenez tout dans la gueule.

Un peu comme un camion qui vous tombe dessus dans la rue. Tu souffres pas sur le moment en fait, t’es juste trop choqué pour calculer quoique ce soit. La souffrance, elle vient après quand t’as tout avalé mais que ça te reste coincé dans la gorge parce que merde, tu sais pas comment tu vas digérer ça. J’ai tout mélangé moi, comme un dégueulis de ratatouille avec de bon gros morceaux dedans, j’avais envie de me débattre, d’hurler que c’était pas juste, qu’il n’y avait pas de raison, que je les emmerdais moi, ces putains d’égoïstes, que j’emmerdais tout le monde d’ailleurs.

J’ai jamais aimé raconté des histoires. J’ai jamais aimé parlé tout court d’ailleurs. J’suis une fille discrète, je supporte pas être sur le devant de la scène. Alors j’ai toujours préféré les actions aux mots, trop souvent d’ailleurs. On me l’a souvent reproché. Cette sale manie m’a déjà coûté des amitiés, tout ça parce que j’ai jamais su trouver les mots qu’il fallait. J’ai jamais été douée avec les êtres humains. Les machines, c’est mon domaine. Parfois, je me demande pourquoi je me construis pas un putain de robot pour mettre mon âme dedans. P’têt que j’aurai enfin la paix.

Enfin, il parait que je dois raconter toute mon histoire du début. Ça va peut-être prendre du temps. Si vous cherchez des histoires drôles, c’est pas ici. Je sais pas le temps que ça va prendre alors si vous avez mieux à faire, il vaut mieux que vous foutiez le camp tout de suite.

Je suis née un dix-huit Janvier mille neuf cent quatre-vingt-un. Je peux pas trop vous en dire plus, peut-être qu’il pleuvait, peut-être qu’il faisait beau, j’en sais foutrement rien, j’en ai rien à battre non plus. Je crois que ma mère m’a dit qu’il neigeait ce jour-là, enfin on était en hiver, normal quoi. J’avais une sœur jumelle, Abigail qu’elle s’appelait. Une gentille fille, plus jeune que moi d’à peine une heure. Mes parents, c’était pas les meilleurs parents du monde. Deux toxicos, toujours à moitié défoncés, je sais pas comment ma mère a fait pour avoir une grossesse à terme avec toutes ces conneries. Mais elle a réussi, c’est peut-être l’une des seules choses bien qu’elle a fait dans sa vie.

Rachel, c’était le nom de ma mère. Mon père, c’était Noah. Noah et Rachel. C’était plutôt cool comme noms pourtant. Bref, Aby et moi on a grandi dans ce monde-là. Bah, si les choses étaient restées comme ça, peut-être qu’il n’y aurait pas eu de problème. On aurait fini délinquantes, on aurait traîné les rues avec une bande de pote, on aurait foiré nos études, on aurait tout plaqué pour un type qui nous aurait quitté pour une salope et on aurait fini à faire le trottoir pour se payer nos doses. Ouais. Mais bon, la drogue, ça vous change les gens, la grossesse aussi. Ma mère a voulu remonté la pente, à croire qu’elle avait trouvé son instinct maternel. Mon père lui, c’était plutôt l’inverse. Toujours à s’enfoncer de plus en plus loin dans ses tripes. Et à devenir violent aussi. Ouais je sais, j’ai jamais dit que mon histoire était originale non plus.

« Espèce de sale petit enfoiré ! Tu me trompes avec cette traînée ! »
« Tu t’es pas vu toi, salope ? »
« Connard ! T’as pas le droit de me faire ça, je suis ta femme bordel ! »
« Rien à foutre ! »
Un coup. Un cri. Quelqu’un qui tombe par terre. J’ai peur.
« Qu’est-ce que tu fous là toi ? Retourne au lit ! »
Je pars, je me cache. Le monstre va arriver. Il faut fermer les yeux très, très fort. Il faut fermer la porte du placard. Je me cache sous le lit. Les monstres ne sont pas sous le lit, ils sont ailleurs.
« Chérie ? »
Il est là. Le monstre est là, et il va me manger. J’ai peur...
« Où es-tu ? »
Je suis cachée. Je dois rester cachée. L'ombre s'avance encore plus. Il est devant le placard. Je n'y suis pas.
« Je t’ai trouvé... oh. »
Je tremble.
« Sors de ta cachette maintenant. J’en ai assez de jouer... »
Je ne veux pas. J’ai peur du monstre. Il fait noir et je vois son ombre par terre. La lumière du couloir est allumée. Maman n’est plus là, je le sais. Et j’ai peur.
« N’aie pas peur. »
J’ai peur.
« Je ne te ferais pas de mal. »
J’ai peur.
« Trouvé. »
Je ne veux pas aller sur le lit... Le monstre n’est pas sous le lit. Le monstre n’est pas dans le placard. Le monstre est sur le lit.

Bref, mon père devenait violent. Ma mère l’a supporté pendant deux ou trois ans, pas plus. Elle avait déjà pas mal ralenti sur l’alcool et la drogue, alors un jour elle a pris ses cliques et ses claques et elle s’est barrée avec nous. Elle s’est trouvée un autre mec, Brendan. Un type bien, c’est grâce à lui qu’elle a tout arrêté je crois. Nous, enfin, Aby et moi, on jonglait un peu entre ma mère et mon père. Garde partagée qu’ils disaient. Mon père aussi s’est trouvé une autre meuf, mais un peu plus tard, Vanessa, toxico elle aussi. Elle avait pété un câble quand elle avait voulu donner un bain à sa fille raide défoncée, et qu’elle l’avait noyé dans l’eau sans faire gaffe. Non mais j’te jure. On n’a pas idée, franchement.

Et puis un jour, la situation s’est régularisée, et ma mère a finalement obtenu la garde totale de ses gosses. On devait encore passer quelques semaines chez mon père, et c’était terminé. Plus que quelques épouvantables nuits et c’était terminé. Mais forcément, y’a rien qui se passe jamais comme on souhaite hein ? J’avais quatre ans à l’époque. Cinq jours avant de devoir nous rendre définitivement à notre mère, il s’est enfui avec nous et la poufiasse qui nous servait de belle-mère et qui nous prenait pour sa fille morte. On était un peu ses enfants de substitution. Je suis sûre qu’elle a jamais fait gaffe qu’on était deux. Elle devait nous prendre pour une de ses hallucinations.
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